Dans le foisonnement des recherches de la Radio Télédiffusion française, axées autour du son, une nouvelle forme d’expression artistique est en train de naître: le Son et Lumières, spectacle nocturne, alliance subtile de l’architecture, de la littérature, de l’Histoire et de la musique.
Georges Delerue sillonne les couloirs de l’ORTF lorsqu’il se lance à la conquête de ce nouveau concept sonore pour un long voyage qui durera près de 30 ans.
Dés 1950, divers actions furent menées pour redonner vie aux châteaux de la Loire, dont la fameuse Route des Châteaux lumineux. Le 30 mai 1952, le premier son et lumières du monde est mis en scène autour du plus célèbre de ces édifices royaux, celui de Chambord. Une soirée prestigieuse baptisée Les riches heures ce Chambord.
Cependant, c’est en 1954, pour la ville de Lisieux que notre musicien répond à sa première commande. Les échos de trompettes en fanfare et les choeurs flamboyants résonnent et accompagnent l’illumination de la somptueuse basilique. A travers quelques bruitages résonnants dans le décor naturel et les échanges de dialogues vivants raccontant l’histoire de la ville, l’Art de Georges Delerue se veut magistrale, puissant, intimiste, dramatique, possèdant cet extraordinaire pouvoir d’évoquer le temps présent mais également celui de nous replonger directement dans le passé.
Se servant, le plus souvent de son expérience musicale baroque acquise et développée au théâtre (pour celui de jean Vilar et de Raymond Hermantier), Georges se laisse totalement investir par l’espace historique et extérieur, celui des édifices, des scènes intimes, des moments de joie, des tentions, tout y est exprimé magnifiquement par sa musique. Pour le musicien le concept du son et lumière correspond parfaitement à ses attentes, son état d’esprit, celui de l’expèrience, du renouveau mais avant tout celui d’exprimé pleinement un art toujours plus dramatique que jamais et qui tout doucement, le rapproche de plus en plus de celui pour lequel il va par la suite s’adonner totalement : Le Cinéma !
Toujours en 1954, la ville de Paris fait appel à lui pour commémorer le 10ème anniversaire de la libération de la ville.
En 1958, le concept sonore résonne hors des frontières françaises, sur la route de Bruxelles dans la Province du Hainaut plus exactement. Georges y fera une escale pour écrire la musique du son et lumière de la somptueuse demeure des Princes de Lignes : Le château et le domaine de chasse de Beloeil.
En 1961, sa musique célèbrera les Pyramides d’Egypte puis les années suivantes, il enchaînera sur un concept ambitieux : revaloriser les châteaux du Moyen-Age et de la Renaissance qui ponctuent la vallée de la Loire. Chambord à deux reprises (1965 et 1972) pour lesquels il écrits des dances et pavanes remarquables ; Chantilly, Blois, Sully-sur-Loire se succèderont avec panache. L’émotion et l’émerveillement empliront ces nuits royales.
Georges Delerue sera particulièrement inspiré dans sa conception musicale en forme d’oratorio pour Shelle-Berre pour la ville de Marseille. Ombres de Gloire, le spectacle des Invalides, donnera l’idée au musicien d’écrire une musique dont le rythme sera calqué sur celui des 79 pas de la troupe défilant dans la cour et qui s’arrêtera net avec le dernier pas. En 1972, sa musique rayonne sur la Cathédrale de Strasbourg et de nouveau sur les impressionnantes Pyramides d’Egypte.
En 1978, le musicien accepte de participer aux commémorations du bicentenaire de l’indépendance des Etats-Unis à Mount Vernon, dans le cadre de la Maison de Georges Washington en composant la musique d’un impressionnant son et lumière mis en scène par Gaston papelous, en ondes par Claude Roussel et en lumière par Jean françois Thouillard et servi par les voix prestigieuses de John Wayne, Olivia de havillande, Kirk Douglas et de Gregory Peck.
En 1988, il fermera la marche des spectacles nocturnes avec Le Tunnel du Temps pour le parc d’attraction des Schtroumpfs, en Lorraine.
Jusqu’en 2002, on pouvait encore entendre les chœurs puissants et les cuivres enflammés de Georges Delerue dans la Cinéscénie du Puy du Fou, en Vendée, musique qu’il avait composée en 1982. Cette épopée vendéenne qui se déploit sur plusieurs siècles a permis au musicien de s’exprimer en des styles différents qui montraient, s’il en était besoin, ses grandes connaissances musicales…
Catalogue Sons & lumières
1954
Lisieux
Paris
(Xe anniversaire de la Libération)
Château de Meillant
1956
Forteresse d’Angers
Château de Sully-sur-Loire
Sainte Jeanne à Domrémy
(Ve Centenaire de la réhabilitation de Jeanne d’Arc) LP 33T Pathé ST 1081
Mise en scène de Paul Robert Houdin
1957
Château de Chantilly
1958
Château de Beloeil (Belgique)
1959
Château de Fougères (Ille-et-Vilaine)
La Geste de Mers-el-Kebir (Algérie)
1961
Shell Berre (Marseille)
Les Pyramides d’Egypte
EG 33 ACO 12/13 – 2 LP sets
“Ici a commencé l’histoire”
Mise en scène lumineuse de Gaston Papeloux
UK title : Pyramids and Sphinx Music and Dialogue
1962
Guillaume le Conquérant
(IXe Centenaire du rattachement du Maine à la Couronne)
Château de Blois
La Citadelle du Caire (Egypte)
1963
Monastir (Tunisie)
1964
Alger (Beit Eddine)
1965
Château de Chambord
1970
Hôtel des Invalides invalides
Principaux thèmes de la bande originale
Fr EP Philips PEP.8640 – 6 bands
Spectacle of The Hotel des Invalides in Paris
Spectacle écrit et conçu par André Castelot
Mise en scène: Pierre Arnaud
1. Thème 18e siècle (2’37)
2. Thème du souvenir (1’48)
3. Thème imperial (1’36)
4. Cortège funèbre de l’empereur (1’40)
5. Marche consulaire de marengo (2’13)
6. La marseillaise (2’17)
1971
Cathédrale de Strasbourg
Karnak
FR 33 A-VY-18.72145
EG 33 SONO CAIRO 18 72145/6
Mise en scène lumineuse
de Gaston Papeloux
1972
Château de Chambord
1975
Caracas (Vénézuela)
1976
Mount Vernon (U.S.A., IIe Centenaire de l’Indépendance)
1982
Le Puy du Fou (Les épesses, Vendée)
La cinéscénie du Puy du Fou
Une édition en CD jusqu’à ce jour avec une réédition en 2000
CD promotionnel, 13 pistes, dialogue et musique
1984
Philae Sauvée des Eaux (Egypte, barrage d’Assouan)
Les Hospices de Beaune
20 mars 1987 : les statuts de la société sont déposés, la création d’un son et lumières était envisagée depuis une dizaine d’années dans la cour d’honneur de l’hôtel-Dieu. La municipalité et les hospices avaient entamé des études mais le processus de réalisation et le financement avaient posé problème. Mais Beaune souffrait alors d’un déficit d’animation en soirée, d’où l’utilité d’un Son et Lumières. C’est à la fin de l’année 1986 que quelques Beaunois pensèrent qu’une société anonyme privée, indépendant des Hospices et de la municipalité pourrait peut-être réussir à mener à bien ce projet. Pour ce faire, il fallut rechercher un ensemble de partenaires (particuliers, entreprises, organismes) pour participer au capital de la société puis obtenir l’accord de la municipalité et de l’administration des Hospices afin de réaliser les aménagements nécessaires.
Les actionnaires se recrutèrent sans trop de difficultés parmi les hôteliers et restaurateurs, les négociants en vins, les banques. On trouve également parmi les actionnaires la Caisse des dépôts, le journal Le Bien Public, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Beaune ou encore la société de réalisation ECA, Pierre Arnaud, le metteur en scène, André Castelot, auteur du texte et Georges Delerue, compositeur qui montraient ainsi leur intérêt pour cette action. Le premier directeur est Roger Carrier auquel succède Pascal Marechal en 1988.
14 juillet 1987 : première représentation. Les représentations se font en français, anglais ou allemand.
Entre le 14 juillet et le 15 octobre 1987 : le Son et Lumières enregistre 12100 entrées
1988 : 18920 entrées – 1989 : 20710 entrées.
1995 : dissolution de la société, liquidation après des résultats décevants dus aux horaires : les 3 versions (française, anglaise et allemande) se succédant, la première étant trop tôt et la dernière trop tard ; problèmes de météo qui ont conduit à annuler plusieurs spectacles et enfin scenario qui n’avait pas été modernisé depuis 1987.
La ville de Beaune reprend dans un premier temps le Son et Lumières et en confiel’exploitation à l’hôtel-Dieu.
En 1999,devant les difficultés financières qui s’amoncèlent, la Ville se sépare du spectacle.
Sources : Archives municipales de Beaune, 151
1988
Le Tunnel du Temps (Sorepark, Lorraine)
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